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Extraits de mon livre
Poète peintural

Un regard d’ami sur Jean Fetz, l’artiste, l’oeuvre et l’Homme

 
Par Ady Richard



Vie Art – Vie Amour

Pour Jang

 

Vivre, c’est quoi?

Vivre, c’est plus qu’exister!

Vivre, c’est beaucoup plus que subsister...

Vivre, c’est réaliser, s’étonner...

Vivre, c’est chercher, demander...

Vivre, c’est transformer, se transformer.

Vivre, c’est respecter, se respecter.

Vivre, c’est trouver, se trouver.

Vivre, c’est évoluer.

Vers le haut! En laissant le bas...

Vivre, c’est essayer...

Vivre, c’est au moins essayer...

Au moins cela!

Essayer d’être enfant, à nouveau.

Essayer d’être homme... ou femme...

Essayer d’être Homme avant tout!

Tout Homme, intégralement Homme!

Et l’art, l’Art?

C’est la vie, l’art...

La vie, c’est l’art...

La vie, c’est la peur, aussi...

La vie, c’est la peur, surtout?!

La vie, c’est l’espoir. L’espoir!

La couleur, l’arc-en-ciel, la Lumière!

La vie, c’est l’amour. Et l’Amour!

L’art, c’est l’amour vécu...

L’art, c’est être tout court...

L’art, c’est vivre...

Vivre, c’est aimer!

Au moins essayer...

 

Ady Richard

Luxembourg, le 19 avril 2007



L’art n’est pas une science, l’art c’est l’existence même. Jean Fetz – ce sera „Jang“ dans ce regard - existe, respire, vit à travers son art, son âme, qui devient par là pleinement art. Et pleinement lui. Sans masque... ou presque. Ou au moins, avec un masque coloré dans une société bourgeoise qui souvent – derrière les masques dorés d’une „culture“ de l’avoir - ne vit pas. Qui croit même pouvoir outsourcer la vie. Et des fois même l’amour...

Jang vit! Et il aime la vie! Même si sa vie n’était pas toujours chose facile. A première vue, l’on pourrait penser que Jang fasse partie de cette société bourgeoise si bien caractérisée par Jacques Brel. Il a exposé à Paris, à Bruxelles, à Saint-Tropez... Il peint en Provence. Il fume des havanes. Il boit des grands vins. Il aime les bonnes et les belles choses!  Mais il aime également les partager! En restant authentique, vrai et – surtout - sincère. Et dans les limites de la nature humaine, toujours juste et bien! Il croit à ce que Schiller appela le „Wahre, Schöne, Gute“. En ayant un énorme soif de justice! Tout cela, il le vit. En humaniste, en vrai. En redevenant enfant, en êtant homme, en restant Homme - toujours. En tout cas, il essaie... C’est là, toute la différence! Un seul regard sur son „Liewenshaff“ – et sa vie - suffit pour s’en apercevoir.

L’art de Jang, son art, ses peintures, ses peintures qui font peur - des fois (cf. „Touche pas mon boubou“, 1992 ou „Die Geier fressen unsere Seele auf II“, 1994) -, qui peuvent provoquer, qui critiquent, qui expliquent, qui racontent et qui font de l’espoir – toujours – font partie de cette, de sa vie. Oui, son art est partie intégrante de sa vie. De sa vie d’artiste et de sa vie tout court. Un regard sur l’art de Jean Fetz devient par là un regard, un écrit sur sa vie. Car les deux sont un!

C’est cette authenticité qui est une des principales caractéristiques de son oeuvre. Loin des goûts et des modes, Fetz, l’artiste, c’est Jang à 99,9 %! Et vice versa... Le snobisme des vernissage-cocktails des galeries huppées, il n’aime pas. Même s’il y expose et s’expose. Tout en sachant que, pour parler avec Ernst Gombrich, „l’Art avec un grand A, n’existe pas“. Et l’ancien directeur autrichien de l’Institut de la tradition classique de l’université de Londres poursuit: „Il n’y a que des artistes.“

En regardant l’oeuvre de Jang, il faut bien se garder d’étiquetter. C’est d’ailleurs toujours vrai pour la réception d’une oeuvre d’art. Citons une dernière fois Gombrich: „Ceux qui ont acquis une certaine connaissance de l’histoire de l’art sont parfois exposés à un danger du même genre. Devant une oeuvre, ils ne s’arrêtent pas pour la contempler, mais il cherchent dans leur mémoire l’étiquette appropriée. Ils peuvent avoir vu ici ou là que Rembrandt est fameux pour son clair-obscur. ‚Quel admirable clair-obscur!’ murmurent-ils en hochant la tête chaque fois qu’ils voient un Rembrandt, puis il passent au tableau suivant.“ J’ajouterai et puis au Champagne et aux canapés.

Ne faisons pas cette erreur pour l’oeuvre de Jean Fetz. Jang, tout en étant au milieu de la société, n’a jamais cessé de la critiquer. Et de la changer pour le mieux. Sans pour autant jetter l’enfant – les valeurs, l’autorité, le respect - avec le bain d’un laisser-faire postmoderne. Par son action, mais aussi par son art qui en fait partie. Et qui – en êtant à la fois simple sans être simpliste et complexe sans être compliqué - fait plaisir. Précisément parce qu’elle est faite avec plaisir, souffrance – et espérance.

Sa réception d’Ubu Roi de l’écrivain français Alfred Jarry – élève entre autre du grand philosophe Henri Bergson - fait songer à la Divina Commedia de Dante, au „grotesque qui est au monde“. Le monde vu par Fetz, vécu par Jang et peint par l’artiste est – souvent – une divine comédie, mais il n’est pour autant pas „surréaliste“. Encore une fois, ayons garde des étiquettes et des tiroirs! Jean Fetz, l’artiste, n’est pas étiquettable. Tout en tendant „un terrible miroir aux imbéciles, il leur montre le monstre qu’ils sont» (Georges-Emmanuel Clancier sur Alfred Jarry jouant Ubu dans sa vie), il ne désespère pas! Jang n’est pas Ubu, même si - des fois - il pense l’être dans ses tableaux. Il n’est pas épuisé comme Jarry raconte Ubu.

Au contraire, la peinture de Jean Fetz est pleine d’énergie! Et tout en étant grotesque, et même violente voire effrayante, elle est – n’ayons pas peur des redits et des mots – pleine de désir d’Eden et par là pleine d’espoir transcendant la violence de l’existence. Même si certains de ses traits de pinceau et de doigts sont des cris parfois violents de souffrance intime venant directement de son âme, de son coeur, de ses tripes! Ce sont des cris contre l’injustice de sa vie, de la vie tout court, d’une société atomisée qui est loin d’être communauté humaine.

Tout en connaissant – et en montrant – le plus sombre et aussi la tristesse de l’existence humaine et de l’existence tout court (cf. „L’Histoire triste d’un amoureux I,1996). Et aussi le côté violent, égoïste et brutal de l’Homme (cf. „Die Geier in uns“, 1992). L’éducateur qu’est aussi Jang – et même des fois de soi-même - réagit à cela en „chassant le diable“. Tout en se demandant en 1993 avec une brillante composition „Et si Dieu était le diable“. D’ailleurs et la mythologie grecque et le christianisme jouent un rôle important dans la symbolique artistique de l’artiste. Avec son pinceau, Jang chasse ce diable, ce côté sombre de l’Homme. Et peut-être même – par une espèce de catharsis artistique - de lui-même...
 
L’artiste, le vrai, pas le bobo qui se soucierait des modes et des goûts, le bohémien travailleur et le travailleur bohémien qu’il est, a beaucoup évolué lors de ces dernières décennies. L’autodidacte au meilleur sens du terme – tout en devant énormément à Marie Banégas-Mummel - est passé par un abstrait sobre et parfois géométrique au figuratif-primitif libre pour ensuite revenir à l’abstrait. Et au symbolique d’un surréalisme si réaliste qu’il peut même être effrayant.

 Chaque oeuvre est pour Jean Fetz une nouvelle création qui vient du plus profond de son âme. C’est bien cela qui distingue une oeuvre d’art d’un objet de décoration ou d’investissement. C’est en cela que réside la vraie valeur de la peinture fetzienne. Une peinture qui repose sur des valeurs bien précises, celles de la personne humaine, celles de la liberté, de la solidarité, du non-conformisme, du refus d’une société de classes, d’une société-communauté et d’un monde-communauté qui laisse des chances même aux plus faibles, aux plus démunis. L’art de Jean Fetz est par là en parfaite harmonie avec son engagement social. Et avec sa vie tout court qui est une et indivisible. Psychologiquement et philosophiquement. C’est du social, de l’humain en couleurs!

Même si l’influence de grands maîtres – Matisse en l’occurence, mais d’autres aussi – est indéniable, Jang a trouvé son propre style dans le chaos de l’art post-moderne (cf. „La chaise rouge, 1984 ou „Cancer aux pattes rouges, 1992). Et dans le chaos de la société et de la société-monde post-moderne en perte de toute autorité reconnue, en perte de tout système de valeurs, en chutte „libre“.

Et pourtant, Jang garde espoir! Même si ses formes  géométriques, ses figures primitives, ses couleurs de la terre et du ciel – tout en plaisant souvent avec un mix de techniques, une figuration et une composition de plus en plus personalisées et perfectionnées - ne cherchent ni à plaire à première vue ni au premier degré. Elles exposent ce que Nietzsche appelle “Humain, trop humain“. Trop humain? Jang cherche l’Homme même dans ses dimensions les plus obscures. Il cherche la beauté en montrant le combat du bien avec le mal au sein de nous-mêmes. Et il la trouve – loin d’être naïf - dans le meilleur de nous-mêmes, dans l’esprit enfant „qui ne voit bien qu’avec le coeur“ en nous.
 
Son art étant toujours un miroir de son état d’esprit, d’âme et de coeur du moment, l’on ne peut que se réjouir de la luminosité de ses tableaux des dernières années. Son bonheur personnel a trouvé son reflet dans son art. Songeons en l’occurence à ses „intérieurs“ à la fin des années 1990 ou à ses oeuvres de 2005/2006.

Le 5 août 2007, le membre fondateur du „Lëtzebuerger Artisten Center“ qu’est aussi Jean Fetz fêtera ses 50 ans. Il se trouve au milieu de sa vie, voire au début d’une nouvelle jeunesse spirituelle, au début d’une „histoire sans fin“ (Gombrich sur l’art), au début une histoire d’amour sans fin, au début d’une „transmission de tous les sentiments possibles“ (Tolstoï) qui ne vient que de commencer et qu’il ne cesse de vivre. Tout en étant „arrivé“ – avec une „production“ étonnante et un succès national et international remarquable -  et n’ayant plus rien à „prouver“, il est loin d’être arriviste. Jean Fetz poursuit sa route, son chemin. Même s’il a trouvé „son“ art – qui n’est pas simplement un passe-temps ou un hobby mondain, mais bien une vraie nécessité intime -, il poursuit son odyssée de dialectique et de dialogue – notre ami commun le professeur Petzold dirait en „polylogue“ avec soi-même et ses proches – en continuant de de se mettre en question, de crier, de transformer ses cris en poèmes peinturaux, bref d’exister, de vivre, d’aimer quoi...