La barrière étincelante de la vie
Jean Fetz, à Strassen
Le signe de Jean Fetz fait preuve de la même intensité que d'habitude. On dira de son pinceau qu'il taille les personnages et les lieux dans le vif de la couleur, avec une acuité qui sentirait la violence des tragédies si elle n'était pas adoucie et transformée par la joie des nuances, par la familiarité chaleureuse d'un jaune épais et la lumière d'un bleu léger. «Les deux cerises», «L'oiseau», «Journal intime», si les peintures de Jean Fetz plongent d'abord vers les origines mêmes du geste pour y puiser l'énergie d'une innocence fondamentale, le sujet en revanche reste le nécessaire repère où se dévoile l'actualité intime du créateur, le jeu existentiel, pour reprendre les mots de l'artiste, d'un «fou du roi». Voilà donc une peinture qui s'écoute ou se regarde comme un air de jazz, dont les compositions rapides et les touches moussantes ont les mêmes inflexions que le rythme d'un John Coltrane ou d'un Martial Solal.
Radu Vasile